Yuja Wang à la Philarmonie
Je ne connaissais la pianiste que de nom (découvrir ici), connue pour être toujours habillée avec beaucoup de style et des talons aiguilles dont on peine à dénombrer les centimètres (par ici).
Qu’elle a été ma surprise de découvrir l’affiche de sa représentation à Berlin, à l’endroit même où se trouvait Marina Abramovic quelques mois plutôt. Heureux hasard ou clin d’œil du ciel, Yuja Wang est programmée pour une date unique, le 17 mai 2022. La demi-heure qui suit, j’ai réservé +60 euros de billet parmi les quelques sièges encore libres, pass vers une soirée inoubliable.
Moi qui aime bien rester confortable en jean-basquets, j’ai souhaité rendre hommage à cette artiste complète. J’ai tout de suite pensé à Codressing, boutique française de location de vêtements et accessoires à Berlin, pressing inclus. Ni une, ni deux, je retrouve Floriane qui m’aide à choisir ma tenue. Talons aiguilles jaune fluo et une paire de superbes boucles d’oreilles or & vert.
Le soir de la représentation, je file en métro jusqu’à Potsdamer Platz. Comptez une quinzaine de minutes supplémentaires pour entrer dans la Philarmonie. La beauté du bâtiment rivalise d’extérieur à l’intérieur. La faune assemblée est un bon 50-50% gens jeunes et de moins jeunes. L’ambiance est à la fête et l’excitation se fait sentir.
Ca sonne, on s’installe. L’artiste se fait attendre. Une bonne dizaine de minutes. Elle entre sur scène avec une tenue à la hauteur de sa réputation : des talons d’une vingtaine de vertigineux centimètres, un legging noir et un haut à bandes. C’est tout Berlin. La dextérité et l’agilité de son jeu est sublime. 40 minutes qui s’écoulent, suspendus à ses doigts qui volent sur les touches.
Une pause de 20 minutes pour admirer la vue au dehors. Et à nouveau 40 minutes époustouflantes, cette fois-ci en robe longue pailletées aux allures de sirène reflets arc-en-ciel et des morceaux toujours plus complexes. Tonnerres d’applaudissements et de hourras. Yuja Wang se sauve presque. Elle revient. Les acclamations continuent, elle s’incline et se réinstalle à son piano. Une fois, deux, trois… huit fois ! Standig ovations après un concert supplémentaire. Des morceaux travaillés, d’autres presque mélancoliques, la maîtrise de nos souffles et silences au bout de ses doigts, Yuja Wang nous a offert un cocktail d’émotions et de beauté dans une volée de mélodies, difficilement descriptibles par les mots. D’une soirée qui aurait pu être l’admiration du talent d’une performeuse internationale, elle nous a invité avec générosité et pudeur à la découverte de son intimité. De la grande maîtrise et du courage. Big up à une pas si courte et inoubliable nuit à Berlin.